Des cancers du sein régresseraient sans traitement
Helen Branswell
La Presse Canadienne
Toronto
Une portion significative de cancers du sein envahissants pourraient
régresser d'eux-mêmes, sans traitement, selon une étude qui promet de
susciter la controverse.
Publiée lundi dans la revue Archives of Internal Medicine, l'étude tend
à montrer que le dépistage du cancer du sein pourrait entraîner un
«surdiagnostic»
d'eux-mêmes sans thérapie.
Une fois qu'un cancer du sein est dépisté, cependant, il ne serait pas
considéré comme éthique de ne pas le traiter. Donc, si cette théorie est
correcte, un nombre important de femmes subiraient des interventions
chirurgicales, des traitements aux rayons-X, de la chimiothérapie et
d'autres thérapies qui n'auraient jamais été nécessaires si leur cancer
n'avait pas été détecté.
Le chercheur qui a dirigé l'étude, le docteur Per-Henrik Zahl, un
statisticien de l'Institut de santé publique de la Norvège, a admis
qu'il cherchait à faire publier ses résultats depuis environ quatre ans.
Selon lui, les risques de «surdiagnostic» sont réels.
La radiothérapie peut endommager de façon permanente le coeur et les
artères coronaires. La chimiothérapie peut entraîner une confusion
cognitive. Et l'ablation des ganglions lymphatiques peut causer le
lymphoedème, un gonflement douloureux du bras voisin du sein malade.
Le docteur Patrick Remington étudie depuis le début des années 1990 la
possibilité qu'il existe des cancers se résolvant d'eux-mêmes - des
cancers «à faible potentiel malin». Professeur à l'Université du
Wisconsin, il n'a pas participé à l'étude du Dr Zahl.
Il rappelle qu'on a déjà observé que d'autres types de cancer, dont
celui de la prostate, et plus récemment, du poumon, régressent
spontanément chez certains patients.
Le constat du Dr Zahl suscitera vraisemblablement de chauds débats. Mais
en éditorial, la revue Archives of Internal Medicine, qui est publié par
l'Association médicale américaine, note que ces conclusions sont
conformes à plusieurs observations faites au sujet du cancer du sein, et
jugées troublantes par les chercheurs.